Amour Sucré, mais pas censuré ~ |
| | Secret Santa, deuxième round | |
| | Auteur | Message |
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Lucy Austen Briseuse de Mary-Sues
Messages : 117 Date d'inscription : 10/11/2016 Localisation : Dans ta mère
| Sujet: Secret Santa, deuxième round Mer 21 Nov - 10:03 | |
| Bonjour bonsoir ! Aujourd'hui, Lay et moi vous proposons d'offrir pour Noël quelque chose de bien plus précieux qu'un sac de billets : votre talent et votre créativité littéraires. Ouiouiouioui. Ça reste moins précieux qu'un tacos mais c'est un bon début.Pour cela, rien de plus siiimple. Décrivez en quelques lignes, en réponse à ce post, le texte que vous voudriez recevoir comme cadeau de Noël (du genre, "je veux un OS sur le baiser passionné entre Rayan et ma sucrette" ou bien "je veux un poème sur une licorne argentée qui cherche ses chaussettes et à la fin elle réalise qu'elle a mis ses chaussettes à la machine à laver et qu'elle ne les retrouvera jamais") ; attendez jusqu'au 1er décembre que les inscriptions se clôturent ; recevez le souhait que vous devrez accomplir (de même, votre souhait à vous sera attribué à quelqu'un d'autre) et écrivez-le d'ici le 25 décembre. Jusque-là, vous ne devrez pas dévoiler à cette personne l'identité de son père Noël secret - ni à personne d'autre, les informations ça circule et les déductions ça va vite. Dès qu'on aura tous les textes, on les publiera tous en rompant le mystère de l'anonymat. Vous pouvez consulter le topic de l'édition 2016 si vous voulez des exemples de ce qui a été fait la dernière fois, ou si vous vous demandez si je sais compter jusqu'à trois (spoiler : non). Quelques précisions supplémentaires : • Evitez de demander des souhaits trop compliqués ou avec un trop haut niveau de détails. Il faut que votre père Noël puisse se faire plaisir en réalisant la commande aussi ! • S'il y a quelques thèmes sensibles que vous ne voulez surtout pas vous retrouver obligés d'écrire, vous pouvez les indiquer dans votre post, et on fera attention de ne pas vous attribuer un souhait problématique lors de la répartition. • Le jeu est ouvert également à tous ceux qui ne sont pas inscrits sur le site, du moment que vous pouvez nous donner un nom de compte Amour Sucré ou même Skype ou Discord pour que Lay et moi puissions vous contacter en privé. • N'hésitez pas à faire tourner si vous connaissez des personnes potentiellement intéressées. • En 2016, on a dû prolonger le Secret Santa jusqu'au 16 janvier à cause des retards des uns et des autres, donc ne vous freinez pas si vous pensez que vous n'aurez peut-être pas le temps avant le 25 décembre. On sait que c'est un peu une période de rush pour tout le monde, donc on est compréhensifs (': Toujours pareil, ma messagerie est ouverte s'il y a des questions ou des problèmes. N'hésitez pas, on peut toujours s'arranger c: | |
| | | Wijk Invité
| | | | YouCanCallMeKiki Premiers mots
Messages : 3 Date d'inscription : 04/12/2017
| Sujet: Re: Secret Santa, deuxième round Sam 1 Déc - 11:43 | |
| Cher Papa Noël,
J'ai été très sage cette année et j'ai eu de bonnes notes à l'école, même que je me suis pas bagarré avec mes frères et même que parfois, moi, je vomis. Pour mon Noël, je voudrais, Papa Noël, avoir une discussion de groupe créée par Rosa : elle veut faire une méga fête réunissant les anciens de HSL et les nouveaux de CL pour le retour de Lynn (*). J'aimerai bien aussi qu'on trouve le mot "chèvre" parce que j'aime bien les chèvres, surtout quand elles sentent la noix de coco.
Merci Papa Noël, je te fais pas de bisous car ta barbe pique et qu'elle pue le renne, mais je t'aime.
(*) ex : au choix | |
| | | Keiiro Voyageur utopique
Messages : 98 Date d'inscription : 12/11/2016 Age : 103 Localisation : Pays des Licornes
| Sujet: Re: Secret Santa, deuxième round Sam 1 Déc - 16:12 | |
| Slt petit papa Noël,
Pour Noël cette année j'aimerai recevoir un texte avec comme personnages Priya et Ambre version CL. Je voudrais y inclure quelque part un cerf, une pomme et un Rubis. Je veux aussi un peu de neige. Voilà fait toi plaisir <3 | |
| | | Layssira Cracheuse de feu majestueuse
Messages : 83 Date d'inscription : 11/11/2016 Age : 104 Localisation : Sur la pointe de mes rêves
| Sujet: Re: Secret Santa, deuxième round Sam 1 Déc - 19:40 | |
| Coucou père-noël. Moi j'aimerais d'abord que tu te fasses plaisir en écrivant, même si ce faisant tu respectes pas exactement c'que je veux (tavu j'suis une meuf sympa) Si tu te sens d'écrire plus sur AS, j'aimerais que tu mettes en scène la Violette du lycée avec les personnages que tu veux dans une ambiance de noël chaleureuse et douce. Si possible j'aimerais que tu inclues des persos qu'on a pas l'habitude de voir dans AS, mais fait selon ton inspi. Si tu te sens d'écrire plus sur Elda, j'aimerais cette même ambiance chaleureuse et douce en appuyant sur les personnages secondaires comme les myconides, Jamon, Enthraa... Fais-moi rêver et fais-toi plaisir ! ^^ Dans tous les cas pas de romance stp j'aime pas ça montre moi comment l'amitié c'est bien aussi Merci et bisous ! | |
| | | Lucy Austen Briseuse de Mary-Sues
Messages : 117 Date d'inscription : 10/11/2016 Localisation : Dans ta mère
| Sujet: Re: Secret Santa, deuxième round Sam 26 Jan - 12:02 | |
| Le père Noël a été pas mal occupé en ce début de mois de janvier, mais on lui pardonne ~ Je poste les textes dans l'ordre où je les ai reçus, afin de bien pointer du doigt les retardataires (la retardataire*), dans l'espoir qu'elle s'enterre toute seule de honte. Bisous, et merci beaucoup pour votre participation <3 (je pense que je vais aussi mettre tout ça sur un google doc, parce que la mise en page du forum rend les textes compacts donc pas forcément oufs à lire, en particulier pour celui de Kei qui est juste énorme. j'vous file ça après) Pour Keiiro - De la part de Sa Majesté Lay:
La jeune femme était appuyée nonchalamment contre la façade du bâtiment. Le regard dans la vague, elle semblait pensive tandis qu’elle observait d’un air absent le mur d’enceinte du lycée. C’était la première fois que Priya la voyait dans une position aussi vulnérable.
- Nostalgique du bon vieux temps ?
Ambre sursauta avant de se reprendre rapidement, comme prise sur le fait de s’être laissée aller à un instant contemplatif. Priya la vit accrocher un sourire presque automatique sur ses lèvres tandis qu’elle se tournait vers elle.
- Tu veux dire, du temps où tous mes respectaient et où j’asseyais ma domination sur toute l’école ? - Toute ? Non… Un petit groupe irréductible résistait encore et toujours face à l’envahisseur… la taquina Priya.
Cette dernière se plaça à ses côtés, joignant son regard au sien. - Non, je pensais plus à la période où tu vivais dans la crainte qu’une de tes précieuses mèches ne te soient arrachées…
Ambre grimaça : - Un mal pour un bien. - Se sacrifier pour revenir plus belle ? C’est vrai que ça t’a plutôt réussi. - Toutes les plus grandes héroïnes se sont construites en survivant aux épreuves les plus mortelles. - Je vois… Et la grande héroïne, c’est toi, et l’épreuve mortelle, c’est celle du ciseau ? - Je n’aurais pas mieux dit.
Elles rient. Priya réalisa qu’elles n’avaient jamais vraiment pris le temps de parler, à la fac. Elle était heureuse que le hasard l’aie menée jusque-là. - Et qu’est-ce qui t’amène par ici à une heure aussi matinale, en plein milieu des vacances alors qu’il doit faire -20°C et que toute personne normalement constituée devrait être chez elle sous trois couches de couette ?
Elle regretta presque d’avoir posé cette question quand elle vit la façon dont la posture d’Ambre se rigidifiait presque à l’insu de la concernée. Elle aurait aimé que la blonde conserve sa nonchalance et ne semble pas gagnée soudain par le besoin de plaire. - Si tu me le dis, tu ne me croiras pas. - On parie ? - C’est une fée qui m’a donné une mission. - Une… Fée ? - Oui. Je la voyais déjà traîner çà et là au lycée. Je croyais que j’étais dingue, au début, j’avais l’air d’être la seule qui la voyait, ou en tout cas la seule que ça choquait. Mais y’avait Lynn aussi. C’est sa tante je crois. - …Et elle te confie une mission ? La tante de Lynn ?
Ambre haussa les épaules : - Tout ce que je sais, c’est qu’elle a un don pour dénicher les dernières fringues à la mode, avant même qu’elles soient à la mode.
Priya sourit : - Tu l’espionnais ? - J’ai un don pour flairer ce genre de bons plans. Nuance. - Et là, le bon plan, c’est… ? - Trouver un cerf.
Le silence de Priya en dit long. - Et du coup tu t’es dit que tu en trouverais sûrement devant le lycée ?
Ambre leva les yeux au ciel : - J’étais dans la forêt. Mais j’avais pas les fringues adaptées. Je venais de sortir quand tu m’as vue.
En réalité, elle était beaucoup trop perdue dans ses pensées quand Priya l’avait trouvée pour que cela soit vrai, mais elle n’en dit rien.
- Bon eh bien… Tant qu’on est là, à défaut de trouver un cerf, moi j’ai envie de manger une pomme. - Une pom…
Ambre s’interrompit. Au travers de la grille qui fermait l’accès au lycée, Priya lui désignait la pomme qui pendait à l’arbre dans les jardins à l’intérieur de l’enceinte. Comment diable Priya pouvait-elle songer à une chose pareille maintenant ? Mais avant que la blonde n’ait pu lui poser la question, elle vit que Priya entreprenait déjà d’escalader la grille.
- Qu’est-ce que… Qu’est-ce que tu fais ? balbutia Ambre, frappée de stupeur. - Ca ne se voit pas ?
L’instant d’après, elle était déjà de l’autre côté. - Tu n’as qu’à venir ! lança-t-elle tout en se dirigeant vers les jardins.
Quelques instants plus tard, Priya entendit un choc sourd derrière elle lui signifiant qu’Ambre l’avait suivie. Ainsi, les vêtements de la top model n’étaient pas adaptés à la marche en forêt, mais l’escalade ne posait pas de soucis… Apparemment la motivation à la suivre l’emportait, elle ne l’aurait pas parié. Priya sourit.
- Tu es folle, lâcha Ambre. - C’est toi qui a commencé.
Elle jeta un coup d’œil par-dessus son épaule. Ambre se relevait afin de la suivre, d’un pas hésitant cependant.
La brume s’était levée et envahissait le lycée d’une atmosphère irréelle. D’un regard elle embrassa la cour, le banc, les murs d’enceinte… Priya n’avait passé qu’un an dans l’établissement, mais cela lui avait suffi pour y vivre des moments forts avec toutes les personnes fantastiques qu’elle avait côtoyé.
Elle saisit la pomme pour croquer dedans avant de la lui tendre. Ambre refusa d’un geste. - A quoi est-ce que tu pensais, tout à l’heure ?
Ambre cilla avant de se recomposer une attitude plus neutre. - Rien de bien passionnant.
Priya mâcha d’un air absent, se contentant d’observer Ambre dont le regard dérivait lui aussi pour contempler leur ancien lycée pris dans la brume.
- Enfin, je suppose que ça ne coûte rien de le dire. Après tout, nous sommes dans notre ancien lycée au milieu des vacances d’hiver, il fait un froid à trancher au couteau et nous sommes à la recherche d’un cerf. Je pensais à mon repaire quand j’étais ici. - Ton repaire ?
Sans décrocher un mot de plus, Ambre se dirigea vers le fond des jardins, bordés de grands arbres. Là, elle écarta quelques branchages pour s’enfoncer de quelques mètres, dévoilant une petite bâtisse de pierre que Priya n’avait jamais relevée auparavant, enfoncée au sein des arbres. Ambre lui désigna une petite entrée taillée à même la roche. - Mon repaire.
Priya écarquilla les yeux. La construction s’élevait sur deux étages et le toit béait, à moitié écroulé, laissant entrevoir une partie du premier étage. Elle avait du mal à imaginer Ambre, à plus forte raison la Ambre du lycée, s’aventurer dans cette masure recouverte de lierre à l’air décrépi. C’est dominée par la curiosité qu’elle pénétra le bâtiment à sa suite. Elles montèrent par une échelle brinquebalante pour atterrir dans une espèce de grenier, ou de débarras.
- Waw ! s’exclama Priya avec un sourire jusqu’aux oreilles. - Comme tu dis. C’est un endroit vraiment sympa pour s’isoler et être un peu seul.
Priya tiqua. Encore une fois, elle avait du mal à se représenter la Ambre de l’époque seule ici, sans sa clique pour l’accompagner dans chacun de ses déplacements.
C’était un large espace, quoique bas de plafond, où une multitudes d’objets et de meubles rouillés et sales occupaient la majorité de l’espace. Ambre soupira et se laissa aller à s’asseoir dans la poussière au sol. Le mouvement lui tira une grimace de douleur que releva Priya :
- Quelque chose ne va pas ? - Rien de grave, répondit la blonde avec un sourire pâle. J’ai dû mal me réceptionner tout-à-l’heure, c’est tout. - Fais-moi voir ça, demanda Priya d’un ton autoritaire.
Ambre allait décliner avant de céder en voyant le regard de Priya. Un regard qui ne souffrait aucune contradiction. Elle étendit sa jambe et remonta son pantalon pour dévoiler sa cheville. Priya s’assit près d’elle pour passer sa main hâlée sur la peau blanche avec une infinie délicatesse. - Ca a l’air un peu gonflé… On va peut-être rester là un moment pour éviter que ça s’inflamme.
Sous les doigts de Priya, la peau d’Ambre se couvrit de chair de poule. Elle sentit un gilet épais se rajouter sur son dos. - Mais… - Aucune protestation ! l’interrompit Priya. Tiens.
C’était la première fois depuis longtemps que quelqu’un lui coupait autant la parole. La première fois depuis… Depuis la Priya du lycée, en fait. D’habitude, c’était elle qui prenait l’ascendant sur la discussion et qu’on écoutait. Elle décida qu’elle aimait que ce ne soit pas le cas. Ambre finit par saisir la pomme que lui tendait Priya pour la croquer à son tour.
- Je préfère ça, lâcha soudain la brune. - Quoi donc ? - Ce petit relâchement des épaules que tu viens d’avoir. Ça me donne au moins l’illusion ne serait-ce que quelques instants de m’adresser à la vraie Ambre. - La vraie Ambre ? - Sans faux-semblants. - Je suis un faux-semblant.
L’affirmation était sortie toute seule, du tac au tac, sans que la concernée ne l’aie réfléchie, sans savoir exactement d’où elle tenait une telle affirmation.
- Ca, c’est la vraie Ambre. - Qu’est-ce que tu penses savoir de la vraie Ambre ?
Elle avait beau sourire, c’était la pointe de méfiance dessous qui avait parlé. Priya sourit. - Que c’est quelqu’un que j’aimerais beaucoup, beaucoup connaître.
Ambre scruta le visage de Priya à quelques centimètres du sien, ne sachant quoi répondre. Finalement, elle s’installa plus confortablement, le dos appuyé contre un meuble, imitée par Priya. Leur regard se mêlèrent pour plonger dans la forêt envahie par la brume. Le mur du fond qui s’était écroulé leur laissait une vue aux premières loges sur les bois bordant le lycée. Priya n’avait pas rompu le contact de sa main sur la jambe dévoilée d’Ambre.
- Priya ? - Oui ? - Il neige.
Elles étaient incapables de dire combien de temps elles restèrent là. Simplement là, à regarder les flocons tomber. Deux jeunes femmes si différentes qui se sentaient, au moins en cet instant, curieusement proches.
~
- Ambre ? - Oui ? - Ce que cette fée t’a demandé… - Oui ? - C’était pas un renne, plutôt ? - Pourquoi tu me demandes ça ? - Parce que je crois qu’on l’a trouvé.
A quelques mètres, l’animal les fixait, paisible.
La fée vint à leur rencontre dès qu’elles sortirent de la bâtisse. Priya essaya de ne pas écarquiller les yeux trop fort en voyant la femme aux cheveux roses. Le renne, docile, trottinait tranquillement vers eux, placide.
- Aaaah ! Mes chéries, merci merci merci ! s’exclama la fée.
Elle se dirigea vers l’animal pour passer une main apaisante sur son encolure. La bête ne s’en formalisa pas, à un point surprenant. Est-ce que ce n’était pas censé être un animal sauvage ? Pourquoi semblait-il si habitué au contact humain ? Et d’ailleurs, qu’est-ce que fichait un renne dans cette région ? Beaucoup trop de questions étaient soudainement libérées dans l’esprit de Priya. Elle marqua soudain un temps d’hésitation. Est-ce qu’elle ne venait pas de voir la truffe de l’animal luire d’un curieux reflet rouge ? Le cours de sa pensée fut interrompu par l’exclamation d’Ambre.
- Une minute ! Qu’est-ce que c’est, la « chose précieuse » dont vous m’avez parlé ? - Oh ! La chose précieuse, oui ! Hmm…
La fée farfouilla un moment dans ses innombrables poches, et en sortit un petit objet avec l’air de quelqu’un qui se débarrasse de la première chose qui lui tombe sous la main.
- Voilà ! s’exclama la fée, guillerette. Joyeux Noël !
Ambre, curieuse, se saisit de l’objet. Il s’agissait d’une pierre qui luisait d’un éclat rouge, semblable à un rubis.
Aussitôt, la fée s’éclipsa sans autre forme de cérémonie, laissant plantées là les deux jeunes femmes à l’orée des bois dans la brume et sous la neige. Tandis qu’elle s’éloignait en compagnie du renne qui trottait paisiblement à ses côtés, pas farouche, elle pouvait les entendre se chamailler gentiment sur la nature de l’objet, son origine et ce qu’elles pouvaient bien en faire.
Agatha sourit. Ambre réaliserait-elle la nature exacte de ce « quelque chose de précieux » que la chasse au renne lui avait permis ? Il faudrait peut-être qu’elle songe à réclamer des honoraires à son collègue Cupidon…
Elle haussa les épaules et se tourna vers le renne. - Allons-y Rudolphe, il est temps de te retourner à ton propriétaire.
Pour Sa Majesté Lay - vous m'excuserez auprès de la reine dragon, j'ai du mal à faire que du doux et du fluffy, même si c'est Noël u_u - Elishe:
« A l’année prochaine, M’sieur ! » Alexy affichait une expression hilare. Cela faisait trois fois qu’il lançait cette même phrase désuète en fin de cours, trois fois que les professeurs semblaient troublés et ne comprenaient que tardivement l’allusion au changement d’année imminent. Faraize, perplexe, avait interrompu sa discussion avec Melody pour le saluer. Nous étions le vendredi 21 décembre, premier jour de l’hiver. A dix-sept heures, peut-être même plus tôt, nous nous souhaiterions des bonnes vacances, des bonnes fêtes et, pour ceux qui ne passaient pas le nouvel an chez les jumeaux, nous lancerions un « tu peux toujours pas venir ? » parfois sans conviction. On n’avait pas beaucoup insisté en sachant que, malheureusement, Peggy était déjà prise le 31. D’ailleurs, la fête n’avait pas été proposée à tous : Ambre, Li et Charlotte avaient été maintenues à l’écart. Comme toujours. Et ça peinait un peu Miss-La-Reine-Des-Pestes : elle voyait de moins en moins son frère et, à défaut de ne pas le voir pour Noël, elle aurait aimé fêter avec lui le passage à la nouvelle année. Mais lui préférait le passer avec Blanche que de devoir endurer un repas en la présence de son paternel. On aurait dit que la perspective d’un repos bien mérité ne le réjouissait pas plus que cela : des vacances, oui, mais tout seul ? Il avait décliné poliment l’invitation d’Armin. Noël devait se passer en famille ou ne devait pas être. Et c’était presque trop facile d’anticiper les réactions des uns et des autres lorsque tout le monde se dira au revoir. Iris, toujours très souriante, sourirait un peu moins car elle passerait Noël chez son père et qu’elle aurait de nouveau droit aux questions embarrassantes de ses oncles et tantes. Castiel ferait son bougon, grommelant contre ses parents même si, cette fois-ci, il serait avec eux dans l’avion. Priya lui jurerait alors qu’elle savait très bien s’occuper d’un chien et que Demon serait mieux chez elle que tout seul dans un appartement, il cèderait. Lysandre oublierait la moitié de ses cours de son casier, il lancerait un appel à l’aide général sur le Whatsapp de la classe la veille de la rentrée et Rosalya le traiterait d’idiot en lui rappelant qu’elle était dans la chambre voisine. Kim grimacerait en partant, sa mère serait tendue er passerait leurs vacances en Guadeloupe à réviser ses partiels. Armin ne dirait rien lorsqu’Alexy insisterait de nouveau pour que tu viennes au nouvel an. « Ma petite Vivie, tu peux venir, finalement ? » C’était prévisible, il n’avait pas encore dit son dernier mot pour te faire changer d’avis. Tu souris timidement en secouant la tête, puis tu t’engouffras dans la salle d’arts plastiques. Pierrick avait compris qu’il ne tirerait pas grand-chose durant ce cours, personne n’était assez concentré et les murmures se changèrent en un brouhaha intempestif. Le menton blotti au creux de ta paume, tu griffonnais rêveusement des petits personnages sur le canson originellement sorti pour faire de la perspective. Tu dessinais depuis…depuis toujours, du moins, de ce que tu te souvenais. On t’y avait encouragé quand, en moyenne section, tu avais été la seule à faire un autoportrait où les bras ne se situaient pas au niveau des oreilles. Tu t’étais fait une tête surmontée d’une coupe asymétrique aux cheveux blonds et vert, un cou orné d’un collier à grosses perles comme tu n’en avais pas, des épaules et des bras qui se terminaient avec dix doigts pour chaque main, un buste très court, un ventre illustré d’un nombril sur le tee-shirt, deux fines jambes et des chaussures bien trop petites. Les adultes avaient été très impressionnés. Il suffit d’un rien pour impressionner une grande personne, selon toi. Nathaniel te dirait –dans une autre vie, dans un autre monde- que rien n’impressionne ses parents. Les tiens étaient émerveillés par ton œuvre qui est encore encadrée dans les escaliers. Tu souris derrière tes doigts et inspira profondément, le nez dans la manche de ton pull. Il sentait la lessive, l’adoucissant au miel et le bâton de cannelle que tu laissais dans ton armoire tout l’hiver. Tu t’y étais prise en avance, cette année, tu l’avais mis dès décembre. La cannelle, c’était l’odeur de Noël. C’était également l’odeur de ta maman. Le vide était devenu habituel, tu n’étais plus triste. Elle te manquait moins. En fait, elle ne te manquait plus : elle était toujours là et le serait toujours. Les gens qui n’avaient jamais perdu un proche avait tendance à se moquer gentiment des phrases toutes faites qu’on retrouvait dans les films, ces célèbres « ils vivent en toi » ou « ceux qu’on aime ne nous quittent jamais vraiment » leur paraissaient ridicules. C’est parce qu’ils ne savaient pas. Le problème avec la mort, ce n’est pas ceux qui partent. C’est ceux qui restent. Tu avais mis du temps pour sortir du tunnel, pour ne plus être triste ou en colère en sentant la cannelle. Penser à elle ne te fait plus pleurer. Tu souris derrière tes doigts et ferma les yeux. Tu aimais cette période de l’année, tu aimais l’hiver, tu aimais la neige. Pour la première fois depuis quatre ans, ton père et toi irez de nouveau fêter la fin d’année dans les Alpes. Tu aurais pu négocier pour rester avec tes amis, tu aurais pu rentrer plus tôt, tu aurais pu dire oui à Alexy. Mais tu n’en avais pas eu envie. Le lendemain, vous iriez, ton père et toi, à la gare. Tes cousins t’attendraient à l’arrivée, tout là haut, et ils se désoleraient sûrement de savoir que tu ne voulais pas skier. La luge, c’était très bien. « Passez de bonnes vacances, et à l’année prochaine ! » Alexy fit une moue déçue et Pierrick rit avec ses yeux. Tu rangeas lentement tes affaires, trop pensive pour aller au même rythme que tes camarades. Tu n’avais pas encore trouvé tous les cadeaux, tu n’avais jamais d’idée lorsqu’il ne fallait pas faire quelque chose de tes propres mains. Et, si tu aimais préparer de toi-même tes présents, tu savais que tel n’étais pas le cas pour tout le monde. L’an dernier, au Secret Santa organisé par Rosalya, tu avais offert un joli carnet à Lysandre : le papier musique avait été trempé dans du thé au caramel pour donner une couleur de parchemin, la reliure était un carré collé et tu avais cousu une attache dans la couverture afin d’y fixer une chaîne et d’éviter de le perdre. Le garçon était resté figé, tu avais craint qu’il n’aime pas son cadeau. C’était tout le contraire. Cette année, tu ne te voyais pas présenter un carnet à Capucine. En fait, tu ne connaissais pas du tout les goûts de l’adolescente. Lysandre avait été presque trop facile : depuis trois ans, combien de fois t’avait-il demandé si tu avais vu son carnet ? Jusqu’à cette rentrée, Capucine ne t’avais adressé la parole seulement pour te convaincre que Lynn était une mauvaise personne. Et tu lui avais crié dessus. Tu rougis à ce souvenir et te mordis les lèvres. Tu n’avais jamais osé t’excuser et Capucine ne semblait pas t’en tenir rigueur. D’ailleurs, vous étiez en duo en badminton ce trimestre et ça s’était très bien passé. Le pardon semblait être venu tout seul de son côté, mais tu repensais sans cesse à ton comportement et regrettais ton attitude. Ça ne servait à rien de se torturer l’esprit, Violette, tu le savais bien. Ce secret santa était peut-être pour toi l’occasion de te faire pardonner. Ou de te pardonner à toi-même. Tu inspiras une nouvelle fois dans ta manche, ferma ton sac et quitta furtivement la pièce. Le marché de Noël n’était pas très loin. Après avoir échappé à tes camarades et souhaité un bon voyage à Kim, tu rejoignis l’arrêt de bus. Votre appartement était à vingt minutes du lycée et, sauf lorsque ton père pouvais t’emmener, tu prenais les transports en commun. Le plus compliqué était de se retrouver assise à côté d’inconnus, souvent les mêmes, donc plus si inconnus que ça. Ce soir-là, il y avait de la place et tu remercias mentalement les parents généreux qui venaient chercher leur progéniture collégienne en raison du début des vacances. Debout, adossée contre un strapontin pour femme enceinte, le regard dans le vague et l’esprit au bord du vide, tu essayais de faire partie du décor. En souriant légèrement et en baissant les yeux, tu ne te ferais pas remarquer. Tu rajustas ton bonnet sur tes oreilles quand le bus ralentit pour l’arrêt de la fac. Tu avais entendu dire qu’il y avait une section sur l’art à l’Université Anteros de Saint Amoris, mais tu n’avais pas osé en parler à Pierrick pour connaître son avis. Tu avais peur qu’on te dise que tu n’étais pas de niveau. « Violette ? » Ton sursaut l’amusa. Quand Jade souriait, ses yeux se fermaient en deux fentes et ses pommettes se dessinaient. Celle de droite était plus forte que celle de gauche, elle était marquée d’un petit creux sur la joue. Il avait de très longs cils, tu trouvais ça joli. Pour parler de Jade, tu disais Il, parfois Elle, tu étais un peu perdue. Lui aussi, elle aussi, iel te l’avait dit. « Enfin les vacances ! • Oui. » Tu fus surprise d’entendre ta voix, fluette mais assurée. Jade soupira, un sourire de dessina sur son visage fatigué. « Tu dors mal. Fis-tu remarquer, moue inquiète aux lèvres, en désignant ses cernes. • Ah, oh, ouais… En fait, je viens de passer des partiels. Et j’ai fait des rêves bizarres durant toute la semaine. » Tu regardas sa main passer sur sa figure, ses doigts masser ses tempes, ses paupières closes. Jade avait une attitude très douce, très rassurante. Quand son regard croisa le tien, tu hochas la tête pour l’inciter à parler. Et c’était « tout bêtement » des rêves où les horaires de partiel étaient décalés, des matières inconnues qu’on devait passer, un réveil qui n’avait pas sonné, son incapacité à rendre une copie car son voisin d’amphi lui prenait des mains pour la déchirer. « Hier, j’ai rêvé qu’on passait les exams dans la BU et que je devais ranger les copies dans l’ordre alphabétique des noms sans lever l’anonymat. Je t’ai dis, c’est n’importe quoi ! ria Jade en voyant le coin de tes lèvres se relever. Et ensuite je devais faire une conférence de presse, mais en fait je défendais la cause vegan en disant que les poules devaient manger moins de sucre, ou un truc du genre. Puis mon bras droit commençait à pourrir, bref, je veux juste dormir. • Les poules étaient diabétiques ? • Ahah, j’en sais rien… • Tu as soigné ton bras droit ? » Cette fois, Jade ne répondit pas tout de suite. Son regard se détourna de toi pour observer une femme qui tirait un môme en pleure sur le trottoir, le forçant à donner la main ou à tenir la poussette. Tu gardas toi aussi le silence en attendant, peut-être, une réponse. Tu appréciais ces moments où les mots n’étaient pas nécessaires, mais il n’y avait que trop peu de gens autour de toi qui comprenaient cela. Jade n’était pas au Lycée privé Saint Amoris mais au public, le Lycée Bergerac. Tu l’avais rencontré(e) parce que ton ami(e) venait s’occuper du jardin de ton lycée. Jade avait deux ans de plus que toi, tu avais sauté le CP et étais la plus jeune de ta classe. Les plus âgés étaient Lysandre et Peggy qui avaient tous deux redoublés au collège. D’ailleurs, tu avais souvent vu Lysandre avec Jade, quand il n’était pas avec Castiel. C’était du temps de Debrah, ça. « J’ai essayé d’en parler à mon père. Souffla Jade après avoir toussé dans le fameux coude droit. Mais… il n’écoute pas. Du coup, je ne sais pas comment faire. Mais je…je pense que je vais partir. • Oh… • Mes études ne me plaisent pas, ici, je ne sais toujours pas pourquoi je suis encore les envies de mes parents. » Un instant, tu pensas à Nathaniel et à la discussion que tu avais surprise au détour d’un couloir. Tu t’en souvenais très bien parce qu’il était rare de voir Castiel s’adresser calmement au délégué. « J’ai trouvé une formation, mais c’est à des kilomètres d’ici. Je pourrais prendre un logement en résidence, mais… • Mais ? • Avec le revenu de mes parents, en temps qu’enfant unique, je ne suis pas prioritaire. Et je n’aurais pas de bourses d’études…si mes parents ne me soutiennent pas financièrement, je suis morte. Enfin… Et toi, le BAC ? • Je crois que ça va. Déclaras-tu après une vague hésitation en songeant à tes notes en physique, puis tu avouas : Je m’ennuie un peu, je n’aime pas les matières. • C’est le risque des filières générales. Je retournerais pour rien au monde au lycée… Tu veux faire quoi, pour l’an prochain ? » Tes lèvres se pincèrent et tes yeux se plissèrent. Jade te fixait avec attention. « Je… le dessin. Je crois ? • Les Beaux-arts ? • Je ne sais pas. Il y a une section art à la fac et… • Ah, Histoire de l’art. • Oh. » Tu fronças les sourcils : ce n’était pas pareil, toi, tu voulais faire, pas analyser. Et, l’an dernier, par curiosité, tu étais allée visiter l’école des Beaux-arts de la ville voisine. Tu avais détesté. Au fond de toi, tu avais accusé ces personnes d’entretenir l’image que la société avait des « artistes » : des ratés qui justifiaient l’amas de déchets ou le dessin d’un chibre par de belles paroles en l’air, qui s’habillaient n’importe comment, étaient tatoués et percés de partout, puis, pour parfaire le portrait, étaient toujours à fumer des choses pas vraiment légales en déclarant qu’ils voulaient « vivre de leur art ». Non, tu n’étais pas comme ça. Et les paroles d’un professionnel rencontré lors d’une exposition te revinrent en mémoire : lui, il avait été diplômé des Beaux-arts il y avait vingt ans. Aujourd’hui, ça ne valait plus rien. « Ou alors dans l’imprimerie, tout ça… ? Je ne sais pas, je ne connais pas le milieu. » Jade semblait embêté(e) pour toi, tu haussas les épaules et répondis par un sourire. Tu avais le temps, tu pensais l’avoir, tu verrais plus tard. L’arrêt du marché de Noël approchait. « Je vais descendre là. • Ça marche, passe de bonnes vacances, Violette. Et prends soin de toi. • Toi aussi, Jade, prends soin de toi. » Un sourire entendu, et tu descendis en raffermissant ta prise sur ton sac. Soudain, le marché de Noël te parut être une très mauvaise idée. Le bus partie, tu fis face à la mare humaine qui fourmillait devant toi. Plusieurs petits cabanons se dressaient sur la place, formant des allées bondées où les groupes avaient du mal à circuler. Une odeur de vin chaud vint chatouiller tes narines, tu grimaças et enfouis ton nez rougi par le froid dans ton écharpe. Il ne faisait pas encore assez sombre pour que les guirlandes vertes et rouges te captivent – celles de ton sapin avaient la manie de te faire oublier que tu devais te dépêcher de petit-déjeuner -, mais, suite à une profonde inspiration, tu dus reconnaitre que les chants de Noël qui s’échappaient d’une des cabanes et que les lumières de la grande roue avaient quelque chose de grisant. Il n’y avait pas à dire, le terme de magie était adéquat pour désigner cette fête. « Oh non. Pitié, Sam, on s’en va. • Je croyais que tu voulais dénicher un cadeau pour ma mère ? » Le rire malicieux te fit tourner la tête. Tu rougis. A quelques mètres, Capucine et son petit ami observaient, tout comme toi, le village des commerçants. Ta camarade semblait désespérée, le visage à moitié camouflé par une grosse écharpe, les mains enfoncées dans les poches de son manteau dangereusement blanc et pelucheux. A côté d’elle, le collégien souriait de toutes ses dents. Derrière des lunettes rondes posées sur un nez en trompette moucheté de taches de rousseur, les grands yeux bruns de Samuel lui donnaient l’air émerveillé des enfants de trois ans devant les cadeaux au pied du sapin. Quand, à côté de lui, Capucine se rembrunit en grommelant quelque chose d’inintelligible, Samuel ôta son bonnet et l’enfonça sur le crâne de sa petite amie avant de lui coller un baiser sur les lèvres. Tu détournas le regard, gênée, embarrassée de ton rôle de voyeuse. C’est à ce moment que tu entendis ton prénom. Tu craignis que Capucine t’ai surprise à les observer, mais la demoiselle se contenta de te rejoindre en gémissant, te priant de ne pas laisser son copain l’emporter dans la masse grouillante du Marché. Avec un petit sourire timide, les yeux baissés, tu avouas que, toi aussi, tu devais y aller. « Aaaaah, trahison, disgrâce ! » Interdite, tu coulas un regard au garçon qui explosa de rire. Sa main se posa sur ton épaule et tu te figeas, ne comprenant pas ce geste. « Hardis, camarades ! Nous affronterons ensemble la terreur de la foule ! scanda Samuel en levant le poing, et tu ne pus t’empêcher de pouffer en voyant Capucine feindre l’évanouissement. Haut les cœurs, nous vaincrons la… • Oui, bon, Sam ! On a compris, laisse-nous le temps de nous préparer psychologiquement. » Le gloussement de Capucine provoqua le tien. C’était curieux d’apprendre qu’elle n’était pas à l’aise dans la foule, et en même temps, Violette se souvenait de l’avoir déjà vu paniquer dès qu’elle se sentait en manque d’air. Poussées par Samuel, vous vous résignâtes à entrer dans les allées des cabanons. Tous les trois, vous vous bouchâtes le nez en dépassant un stand de vin chaud, mais vous sous arrêtâtes en voyant les confiseries. La vue de peluches faisant office de bouillote te passionna, le prix élevé un peu moins. Capucine trouva son bonheur en dénichant un pendentif en verre soufflé pour sa belle-mère et hésita à prendre une paire de boucles d’oreille pour Melody. « Elle est mon secret santa, mais comme c’est aussi une bonne amie, je me dis que je peux mettre plus que sept euros… On verra, on fait le tour et, si je ne trouve rien d’autre, on reviendra ! » Samuel proposa l’idée formidable de prendre un chocolat chaud. En faisant la queue, tu regardais de tout côté pour repérer les cabanons sur lesquels Capucine s’étaient arrêtée. Actuellement, elle s’extasiait en constatant qu’il y avait un vendeur de churros juste à côté. Tu avais un peu plus chaud, dans cette file. En entendant une voix familière, tu te retournas : Kentin était là, en compagnie d’un autre garçon, un peu plus vieux, qui n’était pas au lycée et que tu n’avais jamais vu. Ses yeux se posèrent sur toi et il t’argua d’un clin d’œil qui te fit piquer un fard. A côté de lui, Kentin ne t’avait pas reconnu ou faisait semblant de ne pas te voir. Samuel passait votre commande, tu glissas tes deux euros sur le comptoir et vous vous éloignâtes en écoutant Capucine chantonner « Douce nuit ». Ton besoin de pardon te sembla alors bien loin. Ce n’était plus la même personne, ce n’était pas l’impertinente qui avait insulté ton amie, c’était une toute autre jeune fille. Tu ris en voyant le couple exécuter des pas de danse enjoués lorsque la musique changea pour une version jazz de « we wish you a happy christmas ». Capucine te confia son verre le temps d’acheter des churros, tu l’observas, minuscule devant le comptoir. La vendeuse l’appela « ma petite », lui demanda où était ses parents, et Capucine revint toute grincheuse. Samuel, à tes côtés, peinait à cacher ses gloussement. Quant à toi, tu ne t’étais pas rendue compte que tu affichais un air un peu niais, mais si heureux que Capucine vous gronda de vous moquer d’elle. « Je ne suis pas si petite ! • Non, non, mais où sont tes parents, ma pet-… • SAM ! » En mordillant dans un churros, tu confias que, toi aussi, pas plus tard que la semaine dernière, on t’avait prise pour une collégienne et on avait demandé où était sa maman alors qu’elle était à la caisse d’une superette. « Mais ! Laissez les gens de petite taille vivre en paix ! s’indigna ta camarade en faisant basculer sa tête vers l’arrière, faisant ricaner son petit ami qui avoua que, s’il faisait son âge, il recevait beaucoup de remarques sur son mètre soixante difficilement atteint. Moi j’aime bien, j’ai pas à me lever de trop pour te faire un bisou. » Le minois malicieux de Capucine vous fit rougir tous les deux, et ce fut à son tour de se moquer de vous. En remontant les cabanons, tu t’arrêtas brusquement en voyant des serre-têtes et bandeaux. Un, particulièrement, te tapa dans l’œil : des perles blanches et violettes formaient des fleurs. Encore une fois, le prix te refroidit. La vendeuse t’assura que c’était du fait main, que les bandeaux étaient tressés par ses soins. En voyant Capucine reposer sagement l’un d’eux sur le présentoir, la mine déçue, tu demandas si les petites perles que tu voyais dans les bocaux derrière la commerçante étaient à vendre aussi. Ils ne l’étaient pas, ne servait que de décoration, mais puisque tu semblais t’y intéresser, elle voulait bien te le céder à bon prix. Tu tendis le billet en te demandant si ta machine à coudre et ton nécessaire à couture entreraient dans tes bagages. Capucine te demanda ce que tu comptais en faire. Et tu souris.
Pour Elishe - De la part de Wijk !:
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| | | Lucy Austen Briseuse de Mary-Sues
Messages : 117 Date d'inscription : 10/11/2016 Localisation : Dans ta mère
| Sujet: Re: Secret Santa, deuxième round Sam 26 Jan - 12:03 | |
| Parce que bon, j'affiche Kei, mais j'suis obligée de faire un deuxième post pour son texte, tu gères comme mère Noël bb 4. Pour Wijk - SLT
Voici mon super texte avec 40 ans de retard mais c’est pas grave J’ai utilisé Nath version CL avant le retour de Su’ mais comme j’ai quasi pas fait d’épisodes je sais meme pas si j’ai bien respecté son caractère mdrmdr yolo Je te rappelle quand même ta demande : « j'aimerais une bromance entre Jade et Nathaniel. voilà. j'aime bien les décors floraux. bisous encore. (beaucoup de bisous) »
Bonne lecture : La lumière d’une Lune presque pleine projette les ombres inquiétantes des bâtiments dans les rues de la ville. Le reflet jaunâtre des lampadaires donne un aspect malade à la cité. Il n’y a aucun nuage et c’est un air assez frais que respire Nathaniel en rentrant chez lui. La nuit a été plutôt longue : après s’être engueulé avec des mecs bourrés et les avoir fait se taire à coup de poings dans la gueule, il est allé se prendre un verre pour décompresser. Là, une jeune femme a commencé à lui faire des avances… Il l’a suivie chez elle et s’en est bien servie pour se changer les idées. Lorsqu’il était sûr qu’elle dorme bien, il s’est barré par une fenêtre en piquant une canette de soda dans son frigo. Il avait hâte de rentrer et d’avoir enfin la paix.
Une dernière gorgée de soda et la canette se vide. Trop vite à son goût, il a encore soif. Assez nerveusement, il l’écrase dans sa main, la jette devant lui sur le trottoir et se met à shooter dedans au rythme de ses pas. Puis il en a marre et la laisse derrière lui en s’éloignant. C’est alors qu’une voix retentie dans la rue. - Super la pollution mec. Tu pourrais faire attention, en plus y’a une poubelle juste à côté. Il commence par l’ignorer en levant les yeux au ciel et continue sa route. Derrière lui, il entend la personne ramasser l’objet et le jeter dans l’endroit approprié. Ces sales cons d’écolos, toujours là pour faire chier, même au milieu de la rue. Déjà qu’il ne prend même plus la peine de trier ses ordures, il ne va pas en plus se casser le cul à jeter sa canette dans une poubelle à 2h du mat dans une ruelle. Mais la voix ne l’entend pas de cette manière. - Eh je t’ai parlé, tu pourrais au moins avoir l’obligeance de répondre. Son sang commence à bouillir et il ne peut s’empêcher de se retourner pour incendier cet idiot. - J’en ai rien à foutre de ta pollution de m-… Il laisse sa phrase en suspens et fixe l’individu un instant. Ses cheveux plutôt longs tombent en dessous de ses épaules et portent sur les pointes les traces d’une ancienne coloration verte, qui se reflète en une teinte bizarre sous les réverbères jaunes. Il porte un sarouel et une veste un peu longue, ainsi qu’un vieux bonnet que Nathaniel reconnait tout de suite. Il reste interloqué un instant, puis demande pendant que l’autre l’observe toujours :
-Jade ? C’est toi ? Putain mais qu’est-ce que tu fous là, t’étais pas censé être parti sauver la forêt amazonienne avec Greenpeace ou jsais pas quoi ? - Ah, bonsoir Nath, répondit l’écolo. Je me doutais bien que c’était toi. Cependant, je ne me rappelais pas que tu jetais tes ordures par terre comme ça. Pour te répondre, j’y étais mais ma mission s’est terminée le mois dernier. Grâce à nos actions, nous avons réussi à diminuer le retrait de la forêt de 10% et… - Ok, c’est cool pour toi mais j’en ai rien à carrer. Salut. Sur ce, le blond tourne les talons s’éloigne dans la rue sans écouter quelconque réponse. Même s’il a essayé de ne rien montrer d’autre que de l’indifférence, cette rencontre l’a ébranlé. Jade et lui ont toujours été très proches. Petit, il a été son premier ami à l’école. Ils se sont toujours défendus et soutenus mutuellement en toute circonstance. Au lycée, Nathaniel s’est arrangé pour qu’il se fasse embaucher pour l’entretien de la serre et le club de jardinage. Celui-ci a beaucoup donné et est souvent venu juste pour passer du temps avec le délégué. Après le bac, Jade lui a annoncé tout fier sa mission en Amazonie, et si Nath a essayé d’être le plus enthousiaste possible pour lui, au fond il a été blessé par ce départ assez soudain.
*
Il ne peut dormir cette nuit-là. Il pense trop. Ses souvenirs déferlent de façon incontrôlable et, même s’il ne veut pas y être confronté, les images de ses moments avec Jade reviennent sans cesse. Il se voit tout petit courir après lui dans une folle partie de chat perché dans la cour de l’école. Il se voit au collège, en train de s’interposer entre lui et des mecs qui le traitent de tapette, pour finalement se faire malmener aussi et finir avec lui à l’infirmerie, à s’échanger des sourires complices pendant qu’ils se font soigner. Il se voit au lycée le rejoindre après les cours dans le jardin avec des pains au chocolat, s’asseyant dans l’herbe pour rire et grignoter alors que ses parents pensent qu’il reste pour travailler. Il se voit partir à ses cotés à la tombée de la nuit pour aller distribuer les restes aux chats errants. « Tu devrais parler à ton père, ou à quelqu’un qui pourrait t’aider. Quelqu’un d’autre est au courant ? Camille le sait ? » Lui avait-il dit un soir pendant qu’ils marchaient. Il s’en souvient comme si c’était hier. Et c’est la pensée de trop. Camille aussi l’a abandonné pour partir faire des études à la con à l’autre bout du pays sans donner de nouvelles, mettant un terme à leur relation de façon assez brutale. Il lui en veut. Il leur en veut. Plus aucune raison de paraître correct si les personnes que tu aimes ne sont plus là. Il se lève et donne des coups dans le sac de frappe qui est suspendu au plafond de sa chambre. Il veut évacuer ce qui lui pollue l’esprit ; il ne le supporte plus. Pendant longtemps, seul le bruit de son combat retentit dans le silence de la nuit avant qu’il ne s’écroule, le souffle court et la tête vide, pour s’endormir à même le sol.
*
Les forts rayons du Soleil lui arrachent une grimace lorsqu’il sort de chez lui. Il est déjà 13h et Nathaniel sait qu’il n’ira jamais à ses cours. Encore une belle journée de merde qui s’annonce. Machinalement, il se dirige vers un bar. C’est une bonne heure pour commencer à se bourrer la gueule. Avant, il aurait été totalement répugné par cet idée. L’alcool… Un autre de ses principes qu’il a abandonné dans l’indifférence du monde, découvrant l’effet bénéfique de se sentir loin de tout. Il s’installe au comptoir et aperçoit Rosalya à l’autre bout : elle a l’air aussi paumée que lui, encore une dispute avec Leigh sûrement. Ca arrêtait pas en ce moment. Même s’ils étaient loin d’être toujours amis, il lui suffisait d’écouter les rumeurs qui couraient en ville pour tout savoir d’elle, et les ragots la concernant ne manquaient pas. Il prend une bière et la regarde boire lentement sa vodka, un sourire moqueur sur les lèvres. Qui aurait cru que cette meuf qui obtenait toujours ce qu’elle voulait et qui était presque plus populaire que sa sœur se retrouverait au fond du trou avec lui ? Elle finit par le remarquer et fait la moue, avant de lancer à travers la pièce, presque déserte à cette heure-ci : - Tu te mets à espionner les gens maintenant ? Il aurait pu se vexer et juste se tirer, mais il a envie de tirer sur la corde pour s’amuser un peu. Marcher sur les plus faibles que soi sert en général à remonter. Ne serait-ce qu’un petit peu. Et puis, c’est divertissant. - J’ai pas que ça à foutre ma belle, lui répond-il d’un ton cinglant. Désolé que tu sois sur le chemin de mes yeux, au bout du comptoir de MON bar habituel. - Y’a pas écrit ton nom dessus à ce que je sache. T’es devenu relou Nath. - Oh ça va, tout le monde sait que ça te plait maintenant les Bad Guys hein ? Son ton moqueur a l’air de bien l’énerver et il s’en réjouit. Elle serre les dents et la main autour du verre, mais fuit son regard comme pour approuver ses propos sans l’assumer totalement. Le blond glisse alors le long du comptoir jusqu’à se retrouver très proche d’elle et lui glisse langoureusement : - Allez avoue... Si c’était pas arrivé, tu serais pas ici à picoler aussi tôt, tu serais en train de filer l’amour parfait avec ton mec parfait.
En parlant de Leigh… Le garçon le voit se dessiner dans l’encadrement de la porte du bar et cela lui donne une idée. Rosalya, rongée par la culpabilité, n’a pas osé répliquer. Il lui prend délicatement la tête pour la pencher vers lui de sorte à ce qu’elle ne voit pas le styliste arriver et lui lèche doucement la lèvre inférieure en la fixant du regard. La jeune femme le repousse et tourne la tête, encore plus honteuse, des larmes commençant à perler au coin de ses yeux. L’ancien délégué émet un rire sadique avant de s’en aller, bousculant l’épaule de Leigh au passage dans un élan de défi. Une autre manière d’essayer de se prouver qu’il vaut toujours mieux qu’eux.
*
Il marche au hasard depuis bientôt une heure. Il fait toujours aussi chaud et il se décide à enlever sa veste, son débardeur suffisant amplement. Ses pas l’amènent par hasard vers le parc, et il décide d’y faire le tour par le petit chemin de terre qu’il a si souvent emprunté à l’époque du lycée. A cette pensée, le visage de Jade surgit à nouveau dans son esprit. Il a changé… Ses cheveux longs mêlant châtain et vert décoloré lui offrent un plus joli visage qu’avant. Il a l’air davantage mature et encore plus engagé qu’il ne l’était à son départ. Ça lui fait bizarre, il prend conscience d’à quel point les choses ont changé en trois ans. C’est bientôt la fin de l’année, la plupart de ses anciens camarades vont passer en Master ou travailler. D’autres travaillent déjà et ont plein de responsabilités, comme Armin par exemple. Il a un certain gout amer dans la bouche quand il repense à l’époque où ils étaient tous insouciants et qu’il endossait les responsabilités de tout le monde. Quelle perte de temps franchement. Maintenant que les rôles sont inversés, plus personne n’est là pour lui. Depuis que Camille a cessé de faire le lien entre la bande de dégénérés et son sérieux, les masques sont tombés et il sait très bien que jamais il n’a été apprécié par les élèves. Même Melody l’a repoussé quand il a essayé de se rabattre sur elle lorsqu’il a réalisé que Cam n’était plus là. Alors il les envoie tous se faire foutre.
Le jeune homme se laisse tomber sur un banc et s’allume une clope. S’empoisonner, toujours mieux que ne rien faire. Il observe le parc. C’est bientôt l’été : les arbres sont forts et d’un vert éclatant, Les fleurs multicolores jonchent les parterres et les insectes s’en donnent à cœur joie. Les chants des oiseaux et les rires des quelques personnes présentes donnent un aspect de détente et de tranquillité à cet endroit, petit espace de paix dans une ville pourrie. Un instant, il songe à se barrer loin, très loin et à ne jamais revenir. Il s’imagine une vie de luxe quelque part ou personne ne le connait et se perd un peu dans ses pensées. Un joggeur qui passe le ramène à la réalité. Il piétine quelques fleurs en passant et Nathaniel se surprend à songer qu’il connait quelqu’un qui ne supporterait pas cette vision…
- Bouh ! Une voix soudainement apparue de derrière les buissons le fait sursauter. Il se retourne et tombe sur le visage de Jade, tout content. - Ahah, je t’ai eu, t’as eu peur ! - Va te faire foutre, Jade. Sa réponse sèche semble mettre son ancien ami mal à l’aise, mais celui-ci ne se laisse pas décontenancer. Il enjambe le banc et vient s’asseoir sur le dossier, les pieds posés sur l’assise et enchaîne : - Qu’est-ce que tu viens faire par ici ? L’air de la nature te manque ? - Je fais ce que je veux, répondit simplement le blond. - Dis donc, depuis quand vous avez échangé les rôles avec Castiel ? Tu sais, tu peux être aussi rude que tu veux, ça me fait quand même plaisir de te revoir. Nathaniel encaisse la remarque sur le rockeur parfait sans broncher, même s’il est piqué au vif. Il ne sait pas quoi répondre. Au fond, ça lui fait aussi plaisir de revoir son ancien ami, mais il se refuse à l’admettre. Sa fierté lui en veut toujours pour s’être barré loin de lui. L’écolo ne laisse pas le blanc s’installer et continue : - Ca a été dur d’être loin de toi autant de temps ! Je m’y attendais pas, mais même si la mission était super cool c’était pas évident d’être distant de tout le monde. On avait juste des relations pros, au bout d’un moment ça m’a pesé. J’ai souvent repensé à nos goûters dans le jardin, nos promenades… J’aurais voulu te parler ne serait-ce qu’un peu, Mais y’avait pas de réseau et je passais dans les villes en coup de vent… Je t’ai envoyé une carte une fois, je ne sais pas si tu l’as reçue. - C’est bon t’as fini ton monologue de tapette ? Si j’t’ai vraiment manqué et que c’était si dur que ça, t’avais qu’à revenir. Ou pas partir du tout. Il se lève brusquement et s’éloigne. Il a vraiment l’impression qu’il se moque de lui. Revenir comme ça après trois ans et faire comme si de rien n’était ? Au fond, il ressent qu’il a envie de recommencer à passer du temps avec lui, à se confier. Mais il ne peut juste pas l’accepter. Il s’est retrouvé tout seul, il en a chié pendant ces dernières années, tout ça pour refaire le gentil en léchant le cul à quelqu’un qui l’a abandonné ? Il sent Jade lui courir après et lui attraper le bras pour le tourner face à lui. Son délicat visage offre un air déterminé et pourtant infiniment triste. - Nath, est-ce que tu m’en veux vraiment à ce point ? Je voudrais pourvoir rattraper le temps perdu si c’est possible… Ou au moins faire quelque chose pour toi. C’en est trop pour l’ancien délégué et il commence à sentir la colère lui ronger les veines. Il ne peut retenir le son de sa voix, gueulant sur le revenant sans aucune retenue : - Mais putain, bien sûr que je t’en veux ! Tu crois que ça a été évident ? Me retrouver tout seul, sans toi, sans Cam, après que tout le monde m’ait lâché ? Avoir mon appartement pour que personne n’y vienne jamais, et passer pour un connard aux yeux de tout le monde juste parce que je leur en veux de s’être comportés comme des gros faux culs tant que je leur étais utile ? J’ai la haine, contre toi, contre tout le monde. Maintenant barre toi comme tu sais si bien le faire et arrête de jouer au pote parfait avec moi. Il se dégage violemment de son emprise et s’enfuit à travers les chemins du parc. L’autre ne le retient pas. Il ne veut pas le brusquer. Il sait qu’il a été égoïste, mais il n’a pas pensé une seconde que son départ poserait un si grand problème à son meilleur ami.
*
Nathaniel sort de chez lui alors que le Soleil n’est même pas encore levé. Il a encore dormi n’importe comment et se sent déjà en pleine forme. Etrangement, il a la sensation qu’il doit sortir, comme si son esprit le chassait de chez lui. Il ouvre sa boite aux lettres par réflexe – le facteur ne peut pas être encore passé à cette heure. C’est alors qu’un petit bout de papier tombe lorsque qu’il tire le battant. Il se penche et le ramasse pour lire : « Même si ce n’est pas évident de se retrouver et que tu as du mal à me pardonner, il faut que tu saches que je suis là pour toi si tu as besoin de quelque chose. Voici mon numéro et mon adresse. - Jade » Le blond grogne avant de chiffonner le papier et le jeter à la poubelle. Il s’apprête à sortir, mais stoppe son geste devant la porte. Il reste là un instant, immobile, avant de soupirer et de revenir chercher le papier pour le plonger dans une poche intérieure de sa veste. Une boulangerie ouvre ses portes et il s’y faufile pour prendre un croissant chaud. Il le mange lentement en regardant le ciel se teinter des couleurs chaudes de l’aube. Quelques années auparavant, il aurait rêvé se retrouver là avec un bon livre policier, mais ça fait longtemps qu’il ne les a plus ouverts. Il en a envie souvent, mais le temps passe et il ne le fait pas, perdu dans le néant d’un ennui qu’il n’a plus la motivation de combler.
L’astre solaire continue sa traversée du ciel et le jeune homme se laisse glisser le long des aiguilles du temps qui défile. Ses pas l’amènent par hasard au campus d’Antéros Academy, avec ses bâtiments luxueux et lumineux, ses élèves pressés et concentrés, de tout âge et origine. Perdu dans la masse, il les observe, distant. Il aperçoit Mélody qui a toujours l’air de tenir parfaitement le rôle de la coincée. Il est presque nostalgique de l’époque où elle faisait le chienchien, mais elle le gênerait plus qu’autre chose maintenant. Un bras féminin se glisse autour de son épaule et il le reconnait tout de suite. - Tu t’es perdu frérot ou tu as une soudaine envie d’aller en cours ? Ambre, évidemment. Depuis la fin du lycée, les rôles se sont un peu échangés et elle veille sur lui presque constamment. C’est un peu trop pour lui mais il sait qu’elle s’inquiète. Il le prend plutôt bien. Maintenant qu’ils sont à la fac et qu’ils ont leur vie de leur côté, leurs parents lui semblent loin et c’est presque comme s’ils sont seuls au monde ; il n’a plus la pression de la maison et se sent encore plus proche d’elle. Surtout qu’elle s’est beaucoup assagie en grandissant, elle a mûri et il apprécie le côté maman qu’elle a acquis et qu’elle lui sert. Ses contrats dans le mannequinat commencent à prendre de l’ampleur et elle s’en sort plutôt bien, il est content pour elle. Oui, il aime fortement sa sœur ; pour lui c’est sa seule famille maintenant. - J’allais à la salle de sport, lui répond-il spontanément sans grande conviction. - Ne te tue pas trop à l’exercice. Tu es sûr que ça va ? Tu as l’air un peu pâle ! Ecoute, je dois filer j’ai un rendez-vous, mais je t’appelle ce soir sans faute ! La blonde lui fait un bisou sur la joue en le prenant dans ses bras et disparait à la vitesse de l’éclair, laissant de nouveau son frère seul. Il soupire. Finalement, la salle de sport n’est pas une mauvaise idée. Un petit détour pour prendre ses affaires et il peut y être d’ici 30minutes pour se défouler.
*
Nathaniel frappe le sac devant lui depuis bientôt une heure sans s’arrêter. Ses bras sont douloureux et sa transpiration perle sur son torse nu. Essoufflé, il finit par se laisser tomber en tailleur, enlève un gant pour attraper sa bouteille d’eau et s’abreuve à grosses gorgées. La salle de sport est toujours pleine de monde et bruyante. Mais ici personne ne porte attention à ce que fait l’autre et il peut se dépenser sans réfléchir aux regards extérieurs. - Alors t’en peux d’jà plus ? Sauf ce regard-là, évidemment. Kim s’installe à côté de lui et lui adresse un sourire. La métisse est restée, ou plutôt devenue sa seule amie et s’il vient s’entrainer ici, c’est aussi un peu dans l’espoir de la croiser. Elle travaille ici depuis quelques temps, mais pas encore à temps plein et il ne sait jamais vraiment quel jour il la croisera. Cette fille s’attache aux choses vraies et sincères et il pense que c’est la détermination qu’il met dans chacun de ses coups qui l’a d’abord séduite. Elle l’a aidé à parfaire sa technique et ils se sont rapprochés au fil des séances de sport privées. - Je suis encore en pleine forme qu’est-ce que tu crois, lui répond-il posément. Je te fais encore deux heures tranquille là. - Abuse pas, j’suis déjà impressionnée, une heure sans t’arrêter même pour boire… Tu dois vraiment avoir un truc qui t’tracasse. Tu veux en parler ? Nathaniel pousse un soupir. Il ne sait pas dans quelle mesure il peut se confier à la jeune femme, ni ce qu’elle sait de son ancien ami, mais il ressent le besoin d’en discuter. - C’est pas grand-chose… J’ai croisé Jade l’autre soir. Il est revenu et il a essayé de prendre contact avec moi. -Jade ? Interroge la coach, mettant la main sur son menton comme pour l’aider à réfléchir. - Ouais, le mec avec les cheveux verts qui s’occupait du jardin du lycée. J’sais pas si tu te souviens. Bref, on a toujours été super potes depuis qu’on est gosses. Mais à la fin du lycée il est parti en Amazonie avec Greenpeace. Il a toujours été un putain d’écologiste. En tout cas il est là maintenant, mais j’lui en veux et j’arrive pas à lui parler sans m’énerver. J’trouve ça un peu facile de revenir en faisant comme si de rien alors que ça m’a touché qu’il se casse. - Je vois qui c’est et j’comprends c’que tu veux dire. C’est à toi d’voir après, si tu lui en veux trop laisse passer du temps, t’es même pas obligé d’lui reparler un jour. Mais si au fond tu veux retrouver ton pote, le repousse pas à c’point sinon tu l’perdras vraiment, crois-moi. Pis ça pourrait te faire du bien d’avoir à nouveau quelqu’un avec qui trainer, j’en ai marre que tu viennes là pour me déconcentrer dans mon taf ! Ah et ça s’ra toujours mieux que les mecs chelous qui te servent de bouche trous, ‘sont vraiment pas fréquentables eux. Les remarques de son amie font rire le blond. Ça lui fait du bien. Elle lui dit ce qu’il sait déjà, mais il avait besoin de l’entendre. Son sourire ne disparait pas de ses lèvres et il se lève. - Merci Kim. - De rien blondinet. Sinon, tu vas rester glander là encore combien de temps ? Au travail ! - Le blondinet t’emmerde ! Murmure-t-il à demi-mots. La métisse éclate de rire et repart vers les autres clients de la salle. Elle est très appliquée et Nathaniel n’a aucun doute qu’elle finira vite par diriger cette salle. Il a entendu des rumeurs sur un possible départ du gérant. Si c’est confirmé, son amie est la plus à même de reprendre les rennes de l’endroit. Il regarde le sac de frappe un instant, mais finit par renoncer. Il attrape sa serviette et se dirige vers les douches.
En sortant, il tâte la poche intérieure de son blouson et en sort le papier qu’il a trouvé le matin dans sa boite aux lettres. Il reste là un instant sans rien faire, juste en l’observant, plongé dans sa réflexion. Il finit par sortir son téléphone et composer le numéro. Après quelques sonneries, une voix plus que familière lui répond d’un « Allô ? » extrêmement doux. Il ne dit rien, laisse le blanc s’installer avant de raccrocher sans avoir décroché un seul mot. La voix de Jade l’apaise plus que de raison. Cela finit de le convaincre qu’il doit essayer de pardonner son ami. Il en a besoin auprès de lui… En donnant un coup de poing assez violent dans le mur, il s’en va. Il s’en sortira jamais, bordel.
*
La sonnerie retentit, lui vrillant les oreilles. Il attrape son téléphone et décroche un peu au hasard. Il s’est endormi sans faire exprès et peine à reprendre quelques marques avec la réalité. A l’autre bout de l’appareil, Ambre. - Coucou ! Désolée, il est un peu tard j’espère que je ne te dérange pas, lui lance-t-elle d’un air enjoué. J’étais un peu occupée, le rendez-vous c’est suuuuper bien passé ! Mais j’avais promis de t’appeler, alors me voilà, même en retard ! - Raconte-moi tout ça, alors. Le sourire aux lèvres, il l’écoute pendant un temps interminable parler de sa journée, se permettant des petits commentaires de temps en temps. Il adore l’entendre comme ça, comme si rien ne pouvait l’arrêter et que tout allait y passer. Finalement, l’histoire se termine et elle enchaine : - Et toi alors ! Qu’est-ce qui te préoccupe l’esprit ? Dis-moi tout. -Je… Le frère laisse passer un temps. Ca lui pèse, il cherche ses mots. Mais sa langue se délie vite et il lui raconte. Tout, dans le moindre détail. Elle le connait, pas besoin de développer le côté sentimental de la chose. De plus, il sait qu’il peut tout lui dire et inversement. Sa sœur est la seule sur qui il peut compter à n’importe quel moment. Quoi qu’il advienne, il sait qu’elle ne le laissera jamais tomber.
Ils parlent pendant des heures et lorsqu’ils raccrochent, Nathaniel se sent libéré d’un grand poids. Il est vraiment mieux. Cependant, il ne s’en sent pas du tout de se recoucher. Alors, il attrape sa veste, enfile ses chaussures et sort. L’air frais du soir lui caresse agréablement la peau du visage, les étoiles sont assez visibles il se prend à les regarder un instant. Comme il se dirige vers les rues éclairées, il sait qu’elles vont tendre à disparaitre et il souhaite profiter un peu du spectacle. Il marche longtemps, un peu au hasard, pour clarifier son esprit et finir de se vider de tout ce qu’il a accumulé en lui. Soudain, un cri féminin retentit. Il tourne la tête dans la direction du son, mais un angle de rue l’empêche de voir quoi que ce soit. D’abord hésitant, le second cri le convainc de se diriger vers la personne, visiblement en danger. Il se retrouve alors face à face avec un homme plutôt âgé, tourné d’une manière inquiétante vers une fille, visiblement une étudiante. La rue est très mal éclairée, un peu en retrait de là où se trouvent les bars et autres commerces de nuit. Un endroit parfait pour de mauvaises intentions. - Eh, qu’est-ce qu’il se passe ici ? Crie-t-il à l’intention du vieux. Pas le moins perturbé du monde, celui-ci continue son affaire avec la jeune femme, et le blond se sent obligé de s’approcher. Il attrape l’épaule de l’homme et l’écarte violemment. - J’ai demandé ce qu’il se passait, lui répète-il froidement. - Rien qui ne te concerne, enchérit l’homme un vile sourire sur le visage. - Laisse-la, continue l’ancien délégué, levant la tête pour désigner l’étudiante, trop effrayée pour parler ou s’enfuir. Le gars se jette alors sans prévenir sur le sauveur et réussit à lui mettre un coup de poing dans le visage avant que celui-ci ne le réalise. Il réplique avec sa technique de boxe, pare les coups et touche l’homme plusieurs fois. Voyant qu’il n’a pas l’avantage, le vieux sort un couteau de sa veste et donne un grand coup devant lui. Nathaniel a à peine le temps de reculer sa tête par reflexe ; il sent la lame lui lacérer une partie de la bouche de bas en haut. Le sang commence à couler dans sa bouche et le goût de fer le dégoute. Il porte sa main à sa lèvre mais elle est trop douloureuse pour qu’il la touche. Sa seconde d’inattention lui vaut un second coup de couteau juste sous ses côtes à gauche et il crie de douleur. Il repousse l’homme, réussit à lui attraper le bras qui tenait le couteau avec sa main gauche et de son poing droit lui assène le plus bel uppercut qu’il a réalisé dans sa vie. Le vieux tombe K.O. et le blond recule, haletant, en portant la main à sa blessure. Lorsqu’il lève la tête, il voit que la fille s’est enfuie sans demander son reste. Super. Alors qu’il se dirige tant bien que mal chez lui, il remarque que le nom de la rue dans laquelle il vient de tourner lui est familier. Il sort le papier que Jade lui a laissé. C’est bien la rue notée sur l’adresse du garçon. Il hésite, mais se dirige finalement vers l’appartement de son ancien ami.
*
Il frappe trois coups à la porte et attend dans le silence. Il angoisse. Se pointer comme ça après lui avoir crié dessus, c’est pas génial. Après un instant qui lui semble durer une éternité, la porte s’ouvre sur le visage de son ancien ami, curieux de savoir qui peut frapper à cette heure-ci de la nuit. Lorsque leurs regards se croisent, le visage de l’écolo passe de la joie à l’inquiétude face aux blessures de l’ancien délégué. - Nath ?! Qu’est-ce qui t’es arrivé ? - Heu… J’me suis battu. Mais ça va. C’est juste que j’passais par là et… - Ouais ouais, viens entre on va faire quelque chose pour ça quand même. Le garçon s’écarte pour laisser le blond entrer et le dirige vers le canapé. Nathaniel ne peut éviter un gémissement en s’affalant sur les coussins. L’autre file chercher de quoi prendre soin de son ami et revient aussi vite qu’il peut. - Je t’ai rapporté une bière, lance-t-il en revenant. - Ah génial, balance j’crève de soif. - Tiens, répond-il en tendant la boisson fraiche. Enlève ton haut maintenant. Le regard plein de sous-entendus qu’assène le blessé à son médecin de fortune les font rire tous les deux. Puis, Jade aide son ami à se dévêtir et tire une grimace face à l’entaille sur les côtes. - C’est pas joli tout ça, mais ça n’a pas l’air trop grave. Attention, ca va piquer. - Pff tu parles ça va juste chatou… Aie ! Le désinfectant étant plus fort qu’il se l’était imaginé, l’ancien délégué serre les dents jusqu’à ce que sa blessure soit correctement bandée. Il regarde avec attention les gestes appliqués que Jade exécute avec douceur, dans le silence. Il l’observe plus intensément que les jours précédents, comme pour graver en lui le retour de son ami, pour l’accepter. Il est avec lui et pour un instant, il ne pense plus à sa vie de merde alors que son corps en porte de belles marques. Il se sent juste pile à l’endroit où il est censé être. Mais ça lui fait quand même bizarre. Une fois les soins sur les côtes terminés, l’ancien jardinier se penche vers le visage de son patient, qui cligne des yeux plusieurs fois face au souffle chaud qui lui est envoyé. Sa bouche est recouverte d’un sang séché et agglutiné qu’il faut commencer à nettoyer. Un instant, leurs regards se croisent et ils s’observent sans rien dire, comme pour réaliser ce qu’il se passe. - Tu vas finir avec une belle cicatrice sur les lèvres, fait Jade en brisant le silence. T’as aussi un coquard qui a l’air de se pointer, je vais te chercher de la glace. - Tant pis, je suppose que ça valait le coup. - Raconte ? - J’passais dans le coin et j’ai vu un mec prêt à se faire une fille contre son gré. Alors j’suis intervenu, mais il avait un couteau. C’est tout. - C’est courageux. Nathaniel hausse les épaules et porte la bière à ses lèvres. Il fronce les sourcils lors de l’interaction entre la bouteille et la blessure mais termine la boisson presque cul sec. Ça lui fait beaucoup de bien. Jade revient avec une poche de glaçons et allume sa chaine au passage. Un air familier emplit la pièce : des vieux groupes qu’ils écoutaient ensemble au lycée. - T’écoute encore cette merde ? S’enquit le blond avec un sourire. - J’imagine que je suis juste un peu nostalgique.
La nuit passe en un souffle et les garçons ne cessent de discuter. Peu à peu, les barrières que Nathaniel érige s’effondrent pour ne laisser dans la pièce un vieux couple d’amis. L’écologiste lui narre en détail tout son voyage, ses mésaventures, les beaux paysages, les animaux bizarres. L’autre lui raconte surtout ses galères depuis qu’il est seul. - Camille s’est vraiment barrée sans te donner de nouvelles ? - Ouais. A peine si j’étais au courant qu’elle continuait pas ici. - C’est étrange, ça ne lui ressemble pas. Quand je pense qu’elle me tannait au club de jardinage à chaque fois pour que je lui arrange le coup avec toi. - Ouais bah tout ça pour rien. Tant pis, arrêtons de penser à cette… - Décidément, t’es devenu super rancunier mon chou. - C’est quoi cette expression de gay ? C’est pas parce que la voie est libre que je vais te laisser tenter quoi que ce soit ! J’sais que je suis beau comme un Dieu, surtout avec mes blessures de guerrier, mais quand même. - Ah non, je ne vois vraiment pas ce qu’elle pouvait te trouver. T’es chiant et pas possible comme mec, tu sais. Mon chou. - Bon, t’arrête ou je mets mon gilet jaune ?
Le lendemain, Nathaniel se réveille sur le canapé dans le salon de son ami. Il ne se rappelle pas s’être endormi, mais se sent comme chez lui. Jade arrive avec un café et lui en propose, mais il refuse. Ils prennent un semblant de déjeuner puis l’hôte file sous la douche laissant son camarade quelques instants. Celui-ci en profite pour observer plus longuement à la lumière du jour où il se trouve. Les nombreux meubles en bois, les grands tissus aux dessins tribaux sur les murs et les plantes aux quatre coins de la pièce arborent complètement la personnalité du propriétaire. Il y a vraiment un aspect chaleureux et les objets qu’il a vraisemblablement ramenés des pays d’Amazonie donnent une touche sauvage qui lui plait. Il se lève et se dirige vers la fenêtre. Les gens sont affairés, pressés. Il se sent dans un tout autre monde. En revenant vers le canapé, il remarque une enveloppe estampillée Greenpeace. Elle est déjà ouverte. Il ne peut s’empêcher de la lire, et découvre avec tristesse qu’il s’agit d’une nouvelle mission, en Asie cette fois. Sa douleur vive se rallume et il se persuade presque instantanément qu’il va l’abandonner à nouveau. Alors, il prend sa veste et s’en va.
*
Jade l’appelle plusieurs fois cette journée-là, mais il ne répond pas. Il ne sait pas vraiment s’il lui en veut ou s’il ne désire juste pas s’attacher de nouveau et avoir mal. Il finit par lui envoyer un message pour qu’il le rejoigne dans un bar pas trop loin de chez lui et il arrive vite. Il commande des boissons et s’installe avec lui sur une table un peu reculée. - J’ai fini par m’inquiéter à force que tu ne répondes pas… - J’étais occupé. Nathaniel boit une gorgée et regarde son ami avec un visage plutôt chaleureux. Il ne sait pas s’il doit parler de la nouvelle mission. Il décide finalement de garder ça pour lui et d’attendre qu’il lui en parle spontanément, afin de profiter de chaque moment qu’il peut avoir avec lui le temps qu’il est en ville.
A cette soirée suivent beaucoup d’autres rendez-vous, des moments de complicité partagée, des sorties, des promenades dans la nature, des bars, des éclats de rires et des regards complices. Mais jamais Jade ne fait mention d’un possible départ en Asie malgré les quelques allusions faites par le blond.
Un après midi, pendant l’été, alors qu’ils sont allongés dans l’herbe du parc au milieu des fleurs, Nathaniel se décide à en parler. Pendant les grandes vacances quasiment tous les étudiants rentrent loin d’ici et la cité devient beaucoup plus paisible. L’air est très chaud, on ne voit aucun nuage et seul l’ombre des grands arbres permet d’obtenir une température correcte. - J’ai quelque chose à t’avouer, lance-t-il alors en plein milieu d’un silence paisible. - Oui ? Ca y’est, tu as réalisé tes sentiments profondément amoureux pour moi ? - Ta gueule, j’suis sérieux, répond-il non sans esquisser un sourire. - Vas-y, je t’écoute. - Quand j’étais chez toi le soir où j’me suis battu. Si je suis parti le matin c’est parce que j’ai vu ta lettre de Greenpeace. - Oh… Oui, ça. Je ne comptais pas y aller de toute façon. Je réfléchis, mais je pense vraiment que la réponse sera non. - Pourquoi ça ? Ce genre de trucs c’est toute ta vie, répond-il en attrapant une canette de soda et en la vidant d’une traite. - En effet, c’est une problématique qui me touche beaucoup et qui me donne envie de me battre… Mais m’éloigner d’ici la première fois a été dur, surtout quand je vois comment ça t’a affecté. Je ne veux pas te faire subir ça de nouveau. Nathaniel éclate de rire, pourtant il est très touché. Que le garçon puisse gâcher ce qui lui plait le plus dans la vie juste pour rester avec lui, c’était clairement impensable. Pourtant au fond, il l’espère quand même un peu. Mais son meilleur ami compte bien plus que lui. - Tu devrais vraiment y aller, Jade. T’en fais pas pour moi, ça ira. Surtout si tu me promets de m’envoyer d’autres cartes aussi belles que celle que j’ai reçue d’Amazonie. - Tu l’as alors, pour de vrai ? - Bien sûr ! Je l’ai gardée précieusement avec moi. Quand je la vois, je pense à tous les moments qu’on a eus et qui m’ont plus. - J’te savais pas si sentimental mec. Ecoute, si tu le prends comme ça… Je vais peut-être y réfléchir, mais je ne sais vraiment pas… - T’inquiètes j’te dis. Ca va aller. Je veux que tu fasses ce qui te plaise. Manquerait plus que tu finisses ta vie en travaillant dans un des bars-café pourris du coin. Genre le Cosy Bear là, vie de merde, nan ? Jade sourit et laisse un peu ses pensées divaguer. Le blond vient de tout remettre en question. Est-ce que c’est sa destinée de parcourir le globe pour sauver la planète ? Est-ce ses actes pourront vraiment servir à quelque chose, changer de manières significatives les dégradations du monde ? Si c’est le cas… Il hésite. Lourdement. Ca ne laisse pas beaucoup de temps pour passer dans le coin, pour voir son meilleur ami. - J’t’attendrais à chaque fin de mission pour qu’on se boive un verre tous les deux, lui assure le blond comme s’il lisait dans ses pensées. Nathaniel lui adresse un énorme sourire qui montre qu’il sera toujours là pour lui. C’est la passion de son ami, il n’est personne pour l’empêcher de réaliser ses objectifs. De plus, il sait maintenant qu’il pourra se débrouiller et que son complice ne l’a pas tout simplement laissé tomber. Il lui fait confiance pour ça, à présent. Ils ont grandi et doivent suivre chacun leur chemin en espérant qu’ils se croisent régulièrement. Il se lève pour partir, et jette sa canette de soda sans la poubelle. Il fait un clin d’œil à son meilleur ami, puis s’éloigne entre les arbres.
*
Les bruits des avions assomment lourdement leurs oreilles à l’entrée de l’aéroport. Une foule très pressée ne cesse de grouiller autour d’eux, les roulements des valises et les paroles parfois criées à la volée des futurs passagers, en plus des annonces effectuées par micro, donne un brouhaha qui fait tirer une grimace sur le doux visage de Jade. C’est un endroit très grand et pourtant il a l’air minuscule tellement il est rempli. - Tu es sûr que ça va aller ? S’enquiert une dernière fois l’écologiste. - Mais ouais, nickel ! Lui répond le rebelle. Le ciel sombre parsemé de minuscules rayons de soleil et un vent piquant annonce le début de l’automne. L’adhérent de Greenpeace a attaché ses cheveux en une queue de cheval et a enfilé un pantalon en toile brun, avec ses bottes et un gros manteau. Son bonnet fétiche est toujours cloitré sur le haut de son crâne. Il regarde son ami avec un mélange de tristesse et d’excitation. - Je vais te ramener des choses superbes d’Asie, je te le promets. - C’est ça, c’est ça. Allez file, je ne voudrais pas que tu sois en retard. Ils s’observent longtemps sans rien dire. Finalement, Jade s’avance et prend Nathaniel dans ses bras. Il le serre longtemps, comme pour imprimer sa présence au plus profond de lui. Puis il s’écarte doucement, sourit et lui souffle d’une petite voix : - A bientôt… Le blond lève la main en signe de salut à son ami qui se retourne et franchit le seuil de l’aéroport en trainant sa grosse valise derrière lui. Il reste là longtemps, sur le seuil de l’immense édifice, comme si son ami allait bientôt revenir. Alors ils partiraient et comme si de rien n’était reprendraient leur vie telle qu’elle a été ces derniers mois. Mais le voyageur ne réapparait pas. « Il est vraiment parti », songe-t-il, avec une pointe de tristesse. Longtemps, il contemple les avions décoller et s’en aller au loin, alors qu’ils ne sont plus qu’un infirme point noir perdu dans l’immensité bleue du ciel. Jade est probablement dans un de ceux-là, et il a un affreux pincement au cœur quand il réalise tout à fait ce qu’il se passe. Il est seul à nouveau. Il caresse la cicatrice qui lui traverse la bouche de bas en haut, repensant à l’infime douceur avec laquelle il l’a soigné cette nuit-là. Il a l’impression que tout lui manque déjà. Au prix d’un effort conséquent, il réussit à tourner les talons et à s’éloigner. L’attente sera longue, mais Nathaniel jure sur tout ce qui lui est cher qu’au moment où son meilleur ami reposera le pied dans ce pays, il sera là pour l’accueillir. Il l’attendra. Plus que jamais, son lien avec lui semble indestructible. Et aucun éloignement ne saurait dorénavant le briser.
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