[Armin] Bonbon

Je me souviens du jour de notre rencontre. J’attendais mon bus et je grignotais les bonbons de ma boîte Haribo. Il pleuvait (les pluies d’été) et c’était tout bonnement horrible de marcher dans la rue même avec un parapluie. J’étais assise sur le banc -trempé- de l’arrêt quand un garçon d’à peu près mon âge est venu me rejoindre sous l’abris à bus. Il était en tee-shirt et portait un bermuda marron kaki. Il m’avait regardé rapidement et était venu s’asseoir à côté de moi. J’avais pris une fraise tagada entre mes doigts pour la porter à ma bouche et c’est à ce moment-là que j’ai remarqué qu’il était en train de loucher sur mes sucreries. Toujours en train de mâcher je lui ai tendu la boîte pour qu’il puisse en prendre quelques un. Il avait pris dans ses mains un crocodile, j’ai ris et je lui ai dit : « Mais prends-en plus ! J’en ai plein chez moi ! ». Il m’avait regardé hésitant et avait finalement plongé sa main dans le pot.
Et en on revient à aujourd’hui, le 9 août 2016. Je suis toujours à l’arrêt bus (sûrement l’endroit où je passe le plus de temps) et le garçon est assis à côté de moi. Il se sert dans mon paquet de confiseries et il plaisante avec moi.
« Devine quoi, l’autre jour j’étais à Auchan pour faire mes courses et j’ai pensé à toi ! J’ai vu un rayon Haribo et je me suis dit que je pourrais t’en acheter -depuis le temps que tu m’en donne- mais finalement, j’ai décidé de t’offrir autre chose : du chocolat ! Je suis sûr que tu ne connais pas, c’est très rare ici ! Dit-il en plaisantant »
Finalement, il se penche sur son sac à dos et me tend trois tablettes de chocolat, un noir, un au lait et un blanc. Je prends le chocolat en riant de bon cœur pour les mettre à mon tour dans ma bandoulière. Nous nous taisons et nous attendons patiemment le car qui ne tarde pas à arriver. Je me lève et range ma bonbonnière dans mon sac. Je remarque qu’il se lève aussi. Je m’éttone et lui demande :
« Tu prends ce bus cette fois ?
- Ouais, je vais chez un ami. Me répond-t-il en retirant la supposé poussière de son bermuda. »
J’acquiesce d’un coup de tête et m’engouffre dans le bus blindé. Je m’accroche à la barre la plus proche et il fait de même. Il regarde son téléphone tout du long pendant que je m’amuse à lire les affiches. C’est à lors que je me suis vraiment sentis mal pour la toute première fois.
« Hé ! C’est toi Armin ? Tu vas chez Nathaniel ? demande une jeune fille de son âge qui vient d’arriver.
- Bah oui, attends je suis son meilleur pote ! »
Elle lui sourit de toute ses dents avant de lui faire la bise. Drôlement proche ! Je pense que je les regardais un peu trop parce que la fille demande à Armin :
« Tu l’as connais ?
- Hum... ? il se tourne vers moi, Ah, non. »
Je ne sais pas comment je me sens en ce moment mal, en tout cas : je ne vais pas bien, tellement mal que je sors du bus à un l’arrêt qui n’est pas le mien. Je me retiens de lui faire un doigt d’honneur, pas simple respect d’autrui mais c’est très dur. Je me met à trembler de colère, alors pour me soulager je sors de mon sac le chocolat qu’il m’a offert plus tôt et je le balance fortement contre le véhicule. Je le vois, il se retourne face au bruit du choc et me voit, il semble surpris. Je le regarde dans les yeux pour lui balancer en criant : « T’es qu’un connard ! Tu sais quoi, t’es qu’une merde ! Ne m’adresse plus jamais la parole ! Sale … con ! ». Je reprenant mon souffle et je vois bien qu’il est choqué et que la fille aux cheveux blanc aussi. Je me retourne brusquement quand je sens que les larmes me montent aux yeux : non pas des larmes de tristesse celles de colère. Le bus repart pendant que j’écrase à l’aide de mon pied les tablettes pour finalement repartir rageusement je ne sais où.